Les lycées: usines à démotiver les élèves?
Les résultats du Bac sont tombés, ma fille a obtenu la mention TB en série S. C'était donc ma dernière année de parent d'élèves après avoir été vice-président de l'APE du collège Paul Eluard à Roncq et président de l'APE du lycée Colbert à Tourcoing. J'ai donné mon temps pour que la scolarité de mes enfants se passent le mieux possible et j'incite tous les parents à faire de même car nous avons aussi notre mot à dire.
Je ne quitte pas pour autant les établissements scolaires puisque j'y continue des opérations de sécurité routière et je suis aussi membre du Conseil Académique de l'Education Nationale Nord-Pas-de-Calais où je représente l'organisation patronale CGPME dont je suis administrateur pour le Nord. Lors de la réunion du CAEN en Préfecture le 30 juin, j'ai interpelé le recteur de l'Académie à plusieurs reprises.
Quand j'ai abordé le sujet de la fusion des lycées publics de Tourcoing (Gambetta, Sévigné, Colbert), le Recteur a catégoriquement établi que le public ne devait pas suivre le privé, le public c'est l'enseignement pour tous sans recherche de spécialisation des établissements avec une seconde de détermination sans discrimination, il n'est donc pas question de regrouper les classes de seconde dans un seul lycée.
Je trouve personnellement que la détermination en seconde est trop tardive, un enseignement très (trop) général sans aspect concret fait des lycées de formidables usines à démotiver les élèves: les moins bons car ils n'ont que faire de matières dont ils ne voient pas l'utilité (et dont ils ne retiennent rien) et les meilleurs car ils doivent supporter des camarades chahuteurs qui obligent les professeurs à répéter la même chose une dizaine de fois, ce qui exaspère les bons qui ont l'impression de perdre leur temps. Très souvent les bons élèves ne comprennent pas la finalité des programmes qui ne font que changer, ils délestent donc volontiers leur mémoire du savoir inutile. En Terminale S certains ne possédaient même pas les bases de la primaire (incapables d'additionner 1 + 1/4 par exemple). Ces élèves ont bien évidemment raté le bac bien qu'ils aient émis le souhait d'entrer en médecine!
Des erreurs énormes d'orientation malgré la seconde unique.
Je n'ose pas imaginer le gaspillage de moyens éducatifs (professeurs, salles, équipements,..) que représente la volonté d'avoir 80% d'une classe d'âge avec un BAC. Je vois surtout des énormes contingents d'élèves qui sont persuadés que tout leur est ouvert sans effort, qui sont conditionnés à attendre la fin de l'heure en fixant l'horloge (ce qui est une compétence très utile en entreprise comme vous l'imaginez). Un manque de réalisme flagrant de l'EN dont les produits les plus "brillants" partent à Polytechnique, l'ENA pour devenir des politiques tout aussi coupés de la réalité du monde économique en inventant des usines à gaz comme le compte pénibilité.
Un pays comme la Suisse privilégie la scolarisation par l'apprentissage quand la France reste obnubilée par la voie royale du BAC scientifique.
Texte publié en presse 08/07/2014